HISTORIQUE DU LYCEE DE GALATASARAY
GALATASARAY : DE L'ECOLE DU PALAIS A L'UNIVERSITE
1481 - 1992
La première institution éducative de Galatasaray, connue sous le nom d' " Ecole Impériale de Galata Saray " ( " Galata Saray -I Humayun Mektebi ") avait pour mission d'instruire et former les cadres destinés à l'administration du Palais (" enderun "). A cette époque, l'" enderun ", ou école du Palais, était un vaste complexe édifié dans les jardins du Palais et comprenant les différentes composantes nécessaires à la vie quotidienne des sultans ottomans : unités d'enseignement, bibliothèque, salle du trésor.
Les personnes attachées à cette école, parfaitement instruites dans les divers domaines pour renseigner les personnages importants de l'administration ottomane, au premier rang desquels le Sultan lui-même, reçurent leur formation, de 1481 à 1715, à l'école impériale de Galatasaray.
Selon ce que raconte Evliya Çelebi, le sultan Beyazit II, un jour d'hiver qu'il était à la chasse sur les collines de Galata, aperçut, dans un grand jardin parfaitement entretenu, une cabane délabrée. Le propriétaire de cette masure, du nom de Gül Baba, lui ayant fait les honneurs de son jardin, le sultan voulut le récompenser et, sur le désir exprimé par celui-ci, fit édifier à cet endroit une école et un hospice (" darülşifa ").
La légende veut donc que l'école ait été fondée suite à ce voeu, soit ! Toutefois, nous savons que le Sultan Fatih, conquérant d'Istanbul, dans le but de fonder un état durable dans cette ville où la culture antique était encore si présente, comme l'avait fait pendant un millier d'années l'empire byzantin, étudiait les cultures antiques et lisait les ouvrages classiques qu'il faisait traduire abondamment. Parmi ceux-ci avait une place de choix " La République " de Platon, qui assigne aux seuls philosophes la tâche de gouverner la Cité. Or, dans ces années pendant lesquelles montait le pouvoir des Ottomans, comment éduquer les philosophes qui gouverneraient l'Etat ? Il existait bien une école du Palais, mais encore fallait-il que les jeunes gens qui y seraient admis aient déjà reçu ailleurs une éducation élémentaire . C'est dans cet esprit que Beyazit II, réalisant l'idéal de son père, Mehmet le Conquérant , par la création de l' " Ecole de Galatasaray " (" Galata Sarayı Ocağı ") apporta une contribution essentielle au système éducatif du Palais.
En 1675, à la suite d'une sédition, les plus doués parmi les jeunes gens de l'école ( " içoğlan ") furent envoyés au Palais et les autres furent distribués dans différentes unités de cavalerie ; l'école resta fermée pendant dix ans. Réouverte après cette date, elle se chargea à nouveau de l'éducation des jeunes gens destinés au Palais. Après 1820, l'établissement fut transformé en école de médecine et en quartier militaire.
Dans les décennies suivantes, accroissant son rôle, l'école devint le symbole des réformes du Tanzimat, parallèles à l'occidentalisation recherchée par l'Empire Ottoman. En effet, le besoin se faisait sentir d'un établissement où loger les programmes d'éducation occidentaux, différents de l'éducation traditionnelle, afin de former les cadres qui mettraient en pratique les réformes dans les domaines juridique, politique et social. Dans ce but, le 1er septembre 1868, au cours d'une cérémonie à laquelle participait le sultan lui-même, Abdülaziz, le vieil établissement reprenait vie sous le nom de Lycée Impérial Ottoman (" Mekteb-i Sultani " ). Grâce aux efforts déployés par Cemil Paşa, alors ambassadeur turc à Paris, et Fuad Paşa, Ministre des Affaires étrangères, l'établissement dispensait un enseignement équivalent, pour les contenus et la qualité, à celui des lycées français. A côté des élèves musulmans, prenaient place également des élèves catholiques, orthodoxes et juifs. Les élèves pouvaient intégrer l'école de 9 à 12 ans, et selon leur niveau de langue en français ou en turc, étaient versés dans les classes préparatoires.En 1908, sous l'impulsion de Tevfik Fikret, alors directeur, la durée de chacun des cycles d'enseignement : primaire, collège, lycée est portée à trois ans, soit un cycle complet d'enseignement de 9 ans. Par ailleurs, des cours optionnels de persan, arabe, italien, latin, grec, arménien et allemand sont institués, à côté de leçons de piano et de violon.
A partir de 1924, l'établissement , dorénavant appelé " Lycée de Galatasaray ", dispense un enseignement en accord avec les principes de la République. L'obligation de parler français pendant les récréations est levée, et les cours de culture générale sont donnés en turc.En 1965, les premières filles sont acceptées dans le lycée, et reçoivent les cours dans les bâtiments d'Ortaköy (" Feriye Sarayları "), alloués à Galatasaray par Atatürk au début des années trente. En 1968, à l'occasion des cérémonies marquant le centième anniversaire de la fondation du Lycée Impérial, Charles de Gaulle, alors président de la République française, visite le lycée.En 1975, l'établissement entre dans la catégorie des lycées dits " anatoliens ", avec un cycle complet d'enseignement de 8 ans. Enfin, le 14 avril 1992, par le protocole signé entre François Mitterrand, président de la République Française, et Turgut Özal, huitième président de la République de Turquie, prend naissance l'" Etablissement d"Enseignement Intégré de Galatasaray " ( E.E.I.G, en turc G.E.Ö.K), qui réunit l'école primaire, le lycée et l'université.
LE LYCEE IMPERIAL OTTOMAN (1868 - 1923)
Le Lycée impérial ottoman (" Mekteb-i- Sultani "), ouvert solennellement par le sultan Abdülaziz le 1er septembre 1868, répondait au même besoin immédiat de former pour le service de l'Etat les cadres de haut niveau qui manquaient alors. Depuis le début du 19ème siècle, l'empire ottoman s'affaiblit vis-à-vis du monde occidental.Pour remédier à ce déclin et rénover l'Etat est publié le firman du Tanzimat (1839), bientôt suivi de celui d'Islahat. Mais, pour réaliser pleinement ce projet, il est nécessaire de former les cadres qui puissent appliquer les principes de ce mouvement d'occidentalisation. Ce foyer de l'éducation nouvelle, donnée en turc et en français, sera donc le Lycée Impérial Ottoman. Mais, différemment de ce qui avait lieu dans le passé, cette fois-ci l'école accueille des élèves de toutes les confessions. Or, un bref du pape Pie IX annonce l'excommunication des familles catholiques de l'empire ottoman qui enverraient leurs enfants dans cette école. A la suite, le patriarche grec orthodoxe et le grand rabbin font connaître leur désapprobation, le premier parce que le grec n'y est pas langue d'enseignement, le second parce que le directeur de l'école est un Français . Enfin, le Şeyhülislam fait savoir qu'il s 'oppose à la cohabitation entre enfants musulmans et chrétiens et demande la fermeture immédiate de l'école ! Faisant suite à toutes ces réactions, la Russie, mécontente de l'entente entre l'Empire ottoman et la France, communique par une note de son ambassadeur que, puisqu'aucune école enseignant en russe n'est ouverte, le Lycée impérial doit être fermé. En dépit de ces réactions hostiles, l"école ouvre ses portes et, fait nouveau , dispense à des élèves de différentes confessions un enseignement commun, sans référence à une doctrine religieuse particulière. Ainsi, reflétant la tolérance de l"Empire ottoman, cette institution accueille des élèves dont chacun pratique librement son culte, sans chercher à imposer sa religion aux autres. La première année de son fonctionnement, le Lycée reçoit 600 élèves : les internes paient une pension annuelle de 45 pièces d'or, les externes paient 10 pièces d'or. Ce prix élevé met dans la difficulté beaucoup de familles musulmanes, si bien que l'Etat accepte de donner de nombreuses bourses, 150 au total. Les élèves sont acceptés de 9 à 12 ans, et selon leur niveau en turc et en français, intègrent des classes préparatoires linguistiques.
Parallèlement, pour assurer une bonne connaissance de la langue ottomane, des cours d'arabe et de persan sont assurés. S'y ajoutent des cours optionnels de langues arménienne, grecque, bulgare, anglaise, italienne et allemande. Monsieur De Salve, premier directeur de l'établissement, s'efforce de créer pour les élèves un environnement de qualité. C'est ainsi que sont importés de France le matériel de l'internat et les équipements des salles de cours. Mais, après le grand incendie de Beyoğlu de 1871, l'école commence à perdre de son importance. D'autres facteurs interviennent également : disparition d'Ali Pacha et Fuad Pacha, véritables artisans de la fondation de l'école, rapprochement d'Abdülaziz avec la Russie, défaite de la France devant la Prusse. Toujours est-il qu'une décision soudaine transporte le Lycée à Gülhane, à la place de l'Ecole de médecine. En 1880, sous la direction d'Abdurrahman Şeref Bey, l'école retrouve son site primitif. Nouvelle péripétie en 1907 : l'incendie qui se déclare dans le bâtiment pendant le congé semestriel, s'il ne fait heureusement pas de victime, provoque des dégâts matériels importants, en particulier dans les archives et la bibliothèque. La restauration du bâtiment durera deux ans, pendant lesquels les cours sont suspendus. Sous la direction de Tevfik Fikret a lieu une réorganisation des études : chaque cycle, primaire, collège et lycée, est de trois ans, ce qui porte le cursus total à neuf années. Des cours facultatifs de violon et de piano sont instaurés. La personnalité de Tevfik Fikret, tournée vers le renouveau, marque incontestablement une nouvelle époque dans l'histoire de l'établissement.Dans le bâtiment actuel, le Grand Amphi, les laboratoires de physique, chimie et biologie, les ateliers de dessin et de musique, la salle de spectacle qui porte son nom, sont des ajouts de son époque. Mais après lui des jours difficiles attendent le Lycée. L'envoi sur le front de professeurs et d'élèves lors des guerres balkaniques, puis de la première guerre mondiale, fait qu'en 1917 seulement 5 élèves sont diplômés. A la fin de la guerre, l'école est sous le coup d'une menace de réquisition de la part des troupes d'occupation. Mais le directeur d'alors, Salih Arif Bey, à l'annonce que les Anglais vont occuper le bâtiment, prend contact avec les Français et déclare que ce sont eux qui l'occuperont. C'est ainsi que sur l' " Istiklâl Caddesi " ( aujourd'hui " Avenue de l"Indépendance ", ancienne Grand Rue de Péra) , en dehors de la Poste et du poste de police de Galatasaray, Le Lycée Impérial est le seul bâtiment sur lequel flotte le drapeau turc.
Historique du Lycée Galatasaray
GALATASARAY DE 1481 A 1868
L'Ecole de Galatasaray, fondée dans les premières années du règne de Beyazit II, était une institution donnant un enseignement élémentaire aux élèves destinés à l' " Enderun ", ou école du Palais, située dans l'enceinte du Palais de Topkapı. L'on sait que les élèves de l' " Enderun ", appelés " acemioğlanlar " étaient choisis parmi les élèves des écoles suivantes : Edirne Sarayı, Ibrahim Pacha, Iskender Çelebi et Galatasaray. Les élèves de ces écoles venaient tous du système du " devşirme ", recrutement traditionnel dans l'Empire Ottoman de jeunes garçons de familles chrétiennes, que l'on élevait dans la religion musulmane pour les destiner à des emplois divers dans l'administration ou l'armée. Les élèves des écoles ci-dessus, afin de servir au mieux dans les différents domaines de l'Etat ottoman, outre les leçons essentielles de turc, arabe et persan, pouvaient , selon leurs inclinations et leurs capacités, faire de la musique, de la calligraphie et s'adonner aux sports traditionnels comme l'équitation, les joutes, le tir à l'arc. Les élèves ayant terminé avec succès leur éducation étaient choisis, soit pour intégrer l'" Enderun ", soit pour servir comme gardes du Palais.La remarquable permanence dans l'Empire ottoman de l'école de Galatasaray, son succès, sont dûs sans nul doute à la discipline interne qui y régnait.L'école, qui comportait 3 dortoirs de 200 élèves chacun, une mosquée, un hamam et un hospice , était dirigée par 22 maîtres d'internat (" ağa ") ayant à leur tête un principal (" başağa "). On y trouvait aussi un chirurgien, un docteur, un pharmacien, un secrétaire, un imam, un boulanger, un baigneur et un blanchisseur. L'enseignement était assuré par des professeurs du Palais, dont les appointements étaient de 7 " akçe " (monnaie d'argent) par jour. Les après-midi étaient consacrés à des compétitions régulièrement organisées et aux activités sportives ; le mardi était un jour d'une particulière animation, réservé aux visites des parents.
Au 17ème siècle, par suite des troubles intérieurs de l'empire et du désordre des finances, une partie des élèves participe à la sédition des gardes du Palais, et c'est ainsi que l'école de Galatasaray et celle d' Ibrahim Pacha sont fermées. L'école de Galatasaray est réouverte en 1715, sous le règne d'Ahmet III et passe directement sous le contrôle du " Silahtar " en chef ( officier d'ordonnance supérieur du Palais). Elle est divisée en trois classes : petite, moyenne et grande sections. L'école, regagnant son importance passée, se voit récompensée par les sultans. Ainsi sous le règne de Mahmut Ier ( 1730-1754) se constitue une riche bibliothèque, grâce à l'envoi par le Palais de centaines d'ouvrages. Le bâtiment, endommagé par le grand incendie de Tophane en 1820, ce qui provoque une nouvelle interruption de l'enseignement , est reconstruit en pierre sous le règne de Mahmut II (1808-1839), mais son fonctionnement est définitivement suspendu en 1834, quand le système de l' "enderun " est aboli dans l'empire ottoman. Une partie du bâtiment est consacrée alors à l'école de médecine, l'autre étant utilisée comme caserne. En 1865, les classes préparatoires de toutes les écoles militaires d'Istanbul ( Marine, Armée de terre, Corps de santé et Génie) sont réunies sous ce même toit.
1481 - 1992
La première institution éducative de Galatasaray, connue sous le nom d' " Ecole Impériale de Galata Saray " ( " Galata Saray -I Humayun Mektebi ") avait pour mission d'instruire et former les cadres destinés à l'administration du Palais (" enderun "). A cette époque, l'" enderun ", ou école du Palais, était un vaste complexe édifié dans les jardins du Palais et comprenant les différentes composantes nécessaires à la vie quotidienne des sultans ottomans : unités d'enseignement, bibliothèque, salle du trésor.
Les personnes attachées à cette école, parfaitement instruites dans les divers domaines pour renseigner les personnages importants de l'administration ottomane, au premier rang desquels le Sultan lui-même, reçurent leur formation, de 1481 à 1715, à l'école impériale de Galatasaray.
Selon ce que raconte Evliya Çelebi, le sultan Beyazit II, un jour d'hiver qu'il était à la chasse sur les collines de Galata, aperçut, dans un grand jardin parfaitement entretenu, une cabane délabrée. Le propriétaire de cette masure, du nom de Gül Baba, lui ayant fait les honneurs de son jardin, le sultan voulut le récompenser et, sur le désir exprimé par celui-ci, fit édifier à cet endroit une école et un hospice (" darülşifa ").
La légende veut donc que l'école ait été fondée suite à ce voeu, soit ! Toutefois, nous savons que le Sultan Fatih, conquérant d'Istanbul, dans le but de fonder un état durable dans cette ville où la culture antique était encore si présente, comme l'avait fait pendant un millier d'années l'empire byzantin, étudiait les cultures antiques et lisait les ouvrages classiques qu'il faisait traduire abondamment. Parmi ceux-ci avait une place de choix " La République " de Platon, qui assigne aux seuls philosophes la tâche de gouverner la Cité. Or, dans ces années pendant lesquelles montait le pouvoir des Ottomans, comment éduquer les philosophes qui gouverneraient l'Etat ? Il existait bien une école du Palais, mais encore fallait-il que les jeunes gens qui y seraient admis aient déjà reçu ailleurs une éducation élémentaire . C'est dans cet esprit que Beyazit II, réalisant l'idéal de son père, Mehmet le Conquérant , par la création de l' " Ecole de Galatasaray " (" Galata Sarayı Ocağı ") apporta une contribution essentielle au système éducatif du Palais.
En 1675, à la suite d'une sédition, les plus doués parmi les jeunes gens de l'école ( " içoğlan ") furent envoyés au Palais et les autres furent distribués dans différentes unités de cavalerie ; l'école resta fermée pendant dix ans. Réouverte après cette date, elle se chargea à nouveau de l'éducation des jeunes gens destinés au Palais. Après 1820, l'établissement fut transformé en école de médecine et en quartier militaire.
Dans les décennies suivantes, accroissant son rôle, l'école devint le symbole des réformes du Tanzimat, parallèles à l'occidentalisation recherchée par l'Empire Ottoman. En effet, le besoin se faisait sentir d'un établissement où loger les programmes d'éducation occidentaux, différents de l'éducation traditionnelle, afin de former les cadres qui mettraient en pratique les réformes dans les domaines juridique, politique et social. Dans ce but, le 1er septembre 1868, au cours d'une cérémonie à laquelle participait le sultan lui-même, Abdülaziz, le vieil établissement reprenait vie sous le nom de Lycée Impérial Ottoman (" Mekteb-i Sultani " ). Grâce aux efforts déployés par Cemil Paşa, alors ambassadeur turc à Paris, et Fuad Paşa, Ministre des Affaires étrangères, l'établissement dispensait un enseignement équivalent, pour les contenus et la qualité, à celui des lycées français. A côté des élèves musulmans, prenaient place également des élèves catholiques, orthodoxes et juifs. Les élèves pouvaient intégrer l'école de 9 à 12 ans, et selon leur niveau de langue en français ou en turc, étaient versés dans les classes préparatoires.En 1908, sous l'impulsion de Tevfik Fikret, alors directeur, la durée de chacun des cycles d'enseignement : primaire, collège, lycée est portée à trois ans, soit un cycle complet d'enseignement de 9 ans. Par ailleurs, des cours optionnels de persan, arabe, italien, latin, grec, arménien et allemand sont institués, à côté de leçons de piano et de violon.
A partir de 1924, l'établissement , dorénavant appelé " Lycée de Galatasaray ", dispense un enseignement en accord avec les principes de la République. L'obligation de parler français pendant les récréations est levée, et les cours de culture générale sont donnés en turc.En 1965, les premières filles sont acceptées dans le lycée, et reçoivent les cours dans les bâtiments d'Ortaköy (" Feriye Sarayları "), alloués à Galatasaray par Atatürk au début des années trente. En 1968, à l'occasion des cérémonies marquant le centième anniversaire de la fondation du Lycée Impérial, Charles de Gaulle, alors président de la République française, visite le lycée.En 1975, l'établissement entre dans la catégorie des lycées dits " anatoliens ", avec un cycle complet d'enseignement de 8 ans. Enfin, le 14 avril 1992, par le protocole signé entre François Mitterrand, président de la République Française, et Turgut Özal, huitième président de la République de Turquie, prend naissance l'" Etablissement d"Enseignement Intégré de Galatasaray " ( E.E.I.G, en turc G.E.Ö.K), qui réunit l'école primaire, le lycée et l'université.
LE LYCEE IMPERIAL OTTOMAN (1868 - 1923)
Le Lycée impérial ottoman (" Mekteb-i- Sultani "), ouvert solennellement par le sultan Abdülaziz le 1er septembre 1868, répondait au même besoin immédiat de former pour le service de l'Etat les cadres de haut niveau qui manquaient alors. Depuis le début du 19ème siècle, l'empire ottoman s'affaiblit vis-à-vis du monde occidental.Pour remédier à ce déclin et rénover l'Etat est publié le firman du Tanzimat (1839), bientôt suivi de celui d'Islahat. Mais, pour réaliser pleinement ce projet, il est nécessaire de former les cadres qui puissent appliquer les principes de ce mouvement d'occidentalisation. Ce foyer de l'éducation nouvelle, donnée en turc et en français, sera donc le Lycée Impérial Ottoman. Mais, différemment de ce qui avait lieu dans le passé, cette fois-ci l'école accueille des élèves de toutes les confessions. Or, un bref du pape Pie IX annonce l'excommunication des familles catholiques de l'empire ottoman qui enverraient leurs enfants dans cette école. A la suite, le patriarche grec orthodoxe et le grand rabbin font connaître leur désapprobation, le premier parce que le grec n'y est pas langue d'enseignement, le second parce que le directeur de l'école est un Français . Enfin, le Şeyhülislam fait savoir qu'il s 'oppose à la cohabitation entre enfants musulmans et chrétiens et demande la fermeture immédiate de l'école ! Faisant suite à toutes ces réactions, la Russie, mécontente de l'entente entre l'Empire ottoman et la France, communique par une note de son ambassadeur que, puisqu'aucune école enseignant en russe n'est ouverte, le Lycée impérial doit être fermé. En dépit de ces réactions hostiles, l"école ouvre ses portes et, fait nouveau , dispense à des élèves de différentes confessions un enseignement commun, sans référence à une doctrine religieuse particulière. Ainsi, reflétant la tolérance de l"Empire ottoman, cette institution accueille des élèves dont chacun pratique librement son culte, sans chercher à imposer sa religion aux autres. La première année de son fonctionnement, le Lycée reçoit 600 élèves : les internes paient une pension annuelle de 45 pièces d'or, les externes paient 10 pièces d'or. Ce prix élevé met dans la difficulté beaucoup de familles musulmanes, si bien que l'Etat accepte de donner de nombreuses bourses, 150 au total. Les élèves sont acceptés de 9 à 12 ans, et selon leur niveau en turc et en français, intègrent des classes préparatoires linguistiques.
Parallèlement, pour assurer une bonne connaissance de la langue ottomane, des cours d'arabe et de persan sont assurés. S'y ajoutent des cours optionnels de langues arménienne, grecque, bulgare, anglaise, italienne et allemande. Monsieur De Salve, premier directeur de l'établissement, s'efforce de créer pour les élèves un environnement de qualité. C'est ainsi que sont importés de France le matériel de l'internat et les équipements des salles de cours. Mais, après le grand incendie de Beyoğlu de 1871, l'école commence à perdre de son importance. D'autres facteurs interviennent également : disparition d'Ali Pacha et Fuad Pacha, véritables artisans de la fondation de l'école, rapprochement d'Abdülaziz avec la Russie, défaite de la France devant la Prusse. Toujours est-il qu'une décision soudaine transporte le Lycée à Gülhane, à la place de l'Ecole de médecine. En 1880, sous la direction d'Abdurrahman Şeref Bey, l'école retrouve son site primitif. Nouvelle péripétie en 1907 : l'incendie qui se déclare dans le bâtiment pendant le congé semestriel, s'il ne fait heureusement pas de victime, provoque des dégâts matériels importants, en particulier dans les archives et la bibliothèque. La restauration du bâtiment durera deux ans, pendant lesquels les cours sont suspendus. Sous la direction de Tevfik Fikret a lieu une réorganisation des études : chaque cycle, primaire, collège et lycée, est de trois ans, ce qui porte le cursus total à neuf années. Des cours facultatifs de violon et de piano sont instaurés. La personnalité de Tevfik Fikret, tournée vers le renouveau, marque incontestablement une nouvelle époque dans l'histoire de l'établissement.Dans le bâtiment actuel, le Grand Amphi, les laboratoires de physique, chimie et biologie, les ateliers de dessin et de musique, la salle de spectacle qui porte son nom, sont des ajouts de son époque. Mais après lui des jours difficiles attendent le Lycée. L'envoi sur le front de professeurs et d'élèves lors des guerres balkaniques, puis de la première guerre mondiale, fait qu'en 1917 seulement 5 élèves sont diplômés. A la fin de la guerre, l'école est sous le coup d'une menace de réquisition de la part des troupes d'occupation. Mais le directeur d'alors, Salih Arif Bey, à l'annonce que les Anglais vont occuper le bâtiment, prend contact avec les Français et déclare que ce sont eux qui l'occuperont. C'est ainsi que sur l' " Istiklâl Caddesi " ( aujourd'hui " Avenue de l"Indépendance ", ancienne Grand Rue de Péra) , en dehors de la Poste et du poste de police de Galatasaray, Le Lycée Impérial est le seul bâtiment sur lequel flotte le drapeau turc.
Historique du Lycée Galatasaray
GALATASARAY DE 1481 A 1868
L'Ecole de Galatasaray, fondée dans les premières années du règne de Beyazit II, était une institution donnant un enseignement élémentaire aux élèves destinés à l' " Enderun ", ou école du Palais, située dans l'enceinte du Palais de Topkapı. L'on sait que les élèves de l' " Enderun ", appelés " acemioğlanlar " étaient choisis parmi les élèves des écoles suivantes : Edirne Sarayı, Ibrahim Pacha, Iskender Çelebi et Galatasaray. Les élèves de ces écoles venaient tous du système du " devşirme ", recrutement traditionnel dans l'Empire Ottoman de jeunes garçons de familles chrétiennes, que l'on élevait dans la religion musulmane pour les destiner à des emplois divers dans l'administration ou l'armée. Les élèves des écoles ci-dessus, afin de servir au mieux dans les différents domaines de l'Etat ottoman, outre les leçons essentielles de turc, arabe et persan, pouvaient , selon leurs inclinations et leurs capacités, faire de la musique, de la calligraphie et s'adonner aux sports traditionnels comme l'équitation, les joutes, le tir à l'arc. Les élèves ayant terminé avec succès leur éducation étaient choisis, soit pour intégrer l'" Enderun ", soit pour servir comme gardes du Palais.La remarquable permanence dans l'Empire ottoman de l'école de Galatasaray, son succès, sont dûs sans nul doute à la discipline interne qui y régnait.L'école, qui comportait 3 dortoirs de 200 élèves chacun, une mosquée, un hamam et un hospice , était dirigée par 22 maîtres d'internat (" ağa ") ayant à leur tête un principal (" başağa "). On y trouvait aussi un chirurgien, un docteur, un pharmacien, un secrétaire, un imam, un boulanger, un baigneur et un blanchisseur. L'enseignement était assuré par des professeurs du Palais, dont les appointements étaient de 7 " akçe " (monnaie d'argent) par jour. Les après-midi étaient consacrés à des compétitions régulièrement organisées et aux activités sportives ; le mardi était un jour d'une particulière animation, réservé aux visites des parents.
Au 17ème siècle, par suite des troubles intérieurs de l'empire et du désordre des finances, une partie des élèves participe à la sédition des gardes du Palais, et c'est ainsi que l'école de Galatasaray et celle d' Ibrahim Pacha sont fermées. L'école de Galatasaray est réouverte en 1715, sous le règne d'Ahmet III et passe directement sous le contrôle du " Silahtar " en chef ( officier d'ordonnance supérieur du Palais). Elle est divisée en trois classes : petite, moyenne et grande sections. L'école, regagnant son importance passée, se voit récompensée par les sultans. Ainsi sous le règne de Mahmut Ier ( 1730-1754) se constitue une riche bibliothèque, grâce à l'envoi par le Palais de centaines d'ouvrages. Le bâtiment, endommagé par le grand incendie de Tophane en 1820, ce qui provoque une nouvelle interruption de l'enseignement , est reconstruit en pierre sous le règne de Mahmut II (1808-1839), mais son fonctionnement est définitivement suspendu en 1834, quand le système de l' "enderun " est aboli dans l'empire ottoman. Une partie du bâtiment est consacrée alors à l'école de médecine, l'autre étant utilisée comme caserne. En 1865, les classes préparatoires de toutes les écoles militaires d'Istanbul ( Marine, Armée de terre, Corps de santé et Génie) sont réunies sous ce même toit.